Rencontre avec la ministre des sports : un échange courtois en attendant les divergences de fond ?

Le lundi 29 août, nous avons rencontré la ministre des sports, Amélie Oudé-Castéra pour une première prise de contact. Dans cette optique, il ne s’agissait pas tant d’obtenir des réponses immédiates que de lui faire part de nos revendications et de tenter de connaître ses orientations politiques.

Nous avons d’abord dû patienter 40 minutes, soit le temps de retard de la ministre, occupée par ailleurs par une urgence. Si cela peut arriver, nous le soulignons tout de même car cette situation correspond au vécu quotidien des collègues : la mode est à l’urgence permanente, à la réaction immédiate et au bougisme. Dans ces conditions, l’organisation et la programmation n’existent plus, remplacées par des « urgences » permanentes. Nous le constatons chaque jour dans notre travail. Il faut réagir, réagir et réagir sans cesse, au point d’en oublier de consacrer le temps nécessaire à la réflexion et à la prospective. Bref, le monde de l’urgence permanente et de la réaction immédiate, avec son cortège de mails TTU pour les collègues, a encore de beaux jours devant lui.

Passons maintenant sur les sujets de fond. Le SNPJS-CGT représentant les personnels tant du secteur public que du secteur privé, nous avons souhaité évoquer les sujets suivants avec la ministre :

  • La branche sport
  • L’organisation des services publics du ministère et les missions du ministère

Pour ce qui concerne la branche sport, nous avons appelé à une évolution des formations en vue de permettre aux personnes passant des diplômes de construire une carrière réelle et pleine. Dans cette optique, il nous semble nécessaire de renforcer les formations des CQP et des TFP. Celles-ci doivent être plus longues et renforcées sur les aspects de sécurisation des pratiquants.

Par ailleurs, nous avons évoqués la précarité des éducateurs sportifs, les poussant à épouser d’autres carrières malgré l’attachement qu’ils peuvent porter à leur métier. La faiblesse des revenus, les temps partiels subis, la précarité des contrats rend difficiles d’envisager durablement une carrière d’éducateur sportif quand il faut payer un loyer ou obtenir un prêt.

Pour ce qui concerne l’organisation des services publics, nous avons rappelés pour la 765479ème fois que les effectifs et moyens financiers ont été divisés par deux depuis 2008 alors que les missions étaient pourtant de plus en plus nombreuses. Dernier épisode en date : l’implication des services ministériels des sports dans les JOP. Bref, ça ne va pas, il y a inadéquation totale entre les moyens et les objectifs, et cette inadéquation ne fait que croître.

Malgré cela la ministre nous a rappelé l’importance qu’elle accordait au sport à l’école, au sport santé et aux JOP. On voit arriver une ébauche de discours politique, nécessaire, mais qui nous paraît être à ce jour quelque peu incantatoire : « je veux je veux je veux ». Mais sans moyen, il n’y aura rien. Nous pensons en particulier au vœu pieux marteler sous forme de slogan et jusqu’à écœurement par la formule magique « l’héritage des JOP ». Pour l’instant, on voit surtout que les moyens sont dédiés à l’accueil des grands sportifs et aux conditions de travail des athlètes français médaillables. Pour le reste, il n’y a qu’un slogan martelé « héritage, héritage, héritage ».

En outre, nous avons rappelé que les organisations syndicales ne sont pas représentées au conseil d’administration de l’agence nationale du sport. Cette situation empêche l’agence d’entendre le point de vue des travailleurs et la place donc en situation de prendre des décisions hors sol et inopérante. Siéger à son conseil d’administration nous permettrait également de mieux comprendre les processus de décisions de cet organisme particulièrement opaque. Nous pourrions ainsi lutter contre le copinage et la dissimulation qui y règne.

Pour ce qui nous concerne, nos revendications ne changent pas :

  • augmentation des salaires pour les salariés du privé en grande précarité ;
  • augmentation du salaire des fonctionnaires dont le pouvoir d’achat à grand coup de gel de salaire, ne cesse de baisser ;
  • un sport accessible à toutes et à tous, au service de l’éducation populaire et de l’émancipation du plus grand nombre. La réussite des JOP ne saurait se faire au détriment des politiques de démocratisation de la pratique sportive émancipatrice.
  • des moyens humains et financiers supplémentaires pour les services du ministère et en adéquation avec les objectifs assignés.

Comme indiqué en début d’article, nous n’avons pas eu de réponse sur ces questions. ¨Pour une première prise de contact, c’est logique et même souhaitable. Toutefois, nous espérons que contrairement aux ministres précédents, nous ayons un jour des réponses à nos questions. La poussière sous le tapis commence à former une bosse visible. Et là on se pose une autre question : dans un régime hyper présidentiel comme le nôtre, quelle est le degré d’autonomie d’un ministre par rapport au président ? Qui doit-on rencontrer pour dialoguer réellement ? Ne devrait-t-on pas gagner du temps et rencontrer directement le suzerain de ce petit monde exécutif et seul détenteur de pouvoir qu’est M. Macron ?

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