Rupture de stock pour l’éduc’ pop’ : DJEPVA à vendre à la découpe !

Fin juin, le comité technique d’administration centrale (CTAC) se voyait présenter un projet de la réforme de la DJEPVA en total décalage avec les enjeux qui se posent au champ jeunesse et sports.

Une semaine plus tard la copie est représentée de manière concomitante avec l’annonce de la composition du deuxième gouvernement Borne. Les bras nous sont tombés. Voyez dans quelle décomposition politique se trouve les politiques de la jeunesse :

  • La jeunesse chez M. Ndiaye à l’éducation nationale,
  • La vie associative, chez Mme Borne, via Mme Schiappa,
  • La jeunesse (bis !) mais avec le SNU en prime, cette fois-ci via Mme El Haïry sous la double tutelle de l’éducation nationale et du ministère chargé des armées

Allons bon, quelle affaire ! Quelle œuvre de simplification ! La direction de la DJEPVA va devoir redoubler d’efforts pour suivre les commandes et les validations des commandes avec pas moins de trois cabinets, dont deux sous cabinets. Le pire c’est que cet éparpillement façon puzzle ressemble à s’y méprendre à une vente à la découpe des derniers lots restants. Evidemment dans ces derniers lots restants, nous ne voyons plus trace d’éducation populaire au sens historique du terme. Nous n’y voyons plus qu’engagement et vie associative. Les politiques de la jeunesse se réduiraient-elles à de menues subventions pour quelques associations et à un engagement dont, à part la filiation sémantique et organisationnelle avec l’armée, nous ne comprenons pas bien la définition, ni les objectifs ? Cela n’est que la suite de la trajectoire suivie depuis 15 ans : réduction des effectifs et des moyens, ajouts de nouvelles missions, dont le SNU, qui finissent par phagocyter les maigres moyens humains et financiers, dérive sémantique qui fait disparaître la notion «d’éducation populaire » en faveur de la notion d’engagement… notre analyse de la trajectoire macro des politiques jeunesse et éducation populaire se confirment : on va tout droit vers leur disparition.

L’éparpillement des portefeuilles ministériels nous confirme en effet que sans changement de paradigme, la disparition de ces politiques est proche : il ne reste plus qu’à dispatcher les petits pans restants : le SNU à la défense, les subventions à l’éducation nationale, dans un pôle éducatif qui n’en a plus que le nom. Quant au portefeuille des sports, il ira à l’Agence nationale du sports (ANS).

Et voilà, clap de fin, merci pour tout et au revoir. Les dinosaures sont invités à se soumettre, et tant pis si, comme pour tout le reste de ce quinquennat à venir, rien n’aura été discuté sur la place publique lors des élections présidentielles et législatives. Le cirque électoral à mieux à faire que de parler des politiques publiques après tout. Et peu importe que cela n’ait aucune cohérence avec le projet fédérateur qui devait nous unir à l’éducation nationale au travers d’un grand pôle éducatif. Silence. On liquide.

A la CGT nous refusons qu’une telle liquidation puisse se faire dans le silence méprisant des électeurs, des acteurs associatifs, de l’éducation populaire, des jeunes, ainsi que des agents qui se dévouent dans un bricolage héroïque au quotidien pour mener leurs missions.

A la CGT, nous disons : arrêtez le massacre ! Les politiques Jeunesse et Sports, au service de l’éducation populaire et de l’ émancipation collective doivent être réaffirmées politiquement et au plan de l’organisation administrative avec :

– un ministère de plein exercice de la Jeunesse et des Sports ;

– un grand pôle éducatif interministériel doté de moyens de coordination ;

– une administration centrale unique des sports et de l’éducation populaire renforcée ;

– un SG et une DGRH communs ;

– un seul BOP, des lignes budgétaires claires et non fongibles ;

– un seul corps des PTP : tous CTPS ;

– un budget de « réparation » du secteur jeunesse et sports ;

– un plan massif de hausse des moyens et des effectifs ;

une lisibilité permettant de porter la dimension territoriale de nos actions, une vraie politique de formation, notamment à travers la réhabilitation des CREPS, la défense des métiers et des statuts.

Aussi la CGT a voté en CTAC avec d’autres organisations, la motion suivante : « Suite à la publication de la composition du gouvernement qui place la DJEPVA sous une triple tutelle, Education-Jeunesse, 1er Ministre, Armées et présente un risque de démembrement de la direction, les organisations syndicales représentatives au CTAC demandent à être reçues dans les meilleurs délais par la Secrétaire générale et demandent que toutes les garanties soient offertes aux agents de la direction, qu’ils n’auront ni à changer de site ni de fonction. Elles demandent également le renforcement des emplois de la DJEPVA. »

Face à un gouvernement qui, tels les marchands du temple néolibéraux, veut vendre au rabais les derniers lots des politiques jeunesse et sports dans la plus grande discrétion, la CGT entend en contraire publiciser les débats et alerter les collègues et usagers de nos services publics : sans changement de paradigme, nous allons tout droit vers un enterrement de première classe. Alors qu’année après année, nos analyses nous confirment que nous nous rapprochons de la tombe, que le gouvernement (ou plus exactement Macron) ait au moins l’honnêteté de se prononcer officiellement : est-ce bien cela que vous envisagez ou pas ? Nous, non. Mais nous avons l’avantage de la clarté.

Toujours à vos côtés !

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