Le comité technique jeunesse et sports (CTMJS) s’est tenu en l’absence remarquée du ministre Jean-Michel Blanquer et de ses deux ministres délégués, Sarah El Haïry et Roxana Maracineanu ni même de leurs cabinets. Sourde à ce manque de considération symbolique pour les agents de la jeunesse et des sports par la voie de leurs représentants, l’administration semble s’arranger d’une vision d’un CTMJS réduit à une gestion technique et aux ressources humaines, sans aucun pilotage politique. Cela alors que les dossiers stratégiques pour l’avenir de notre secteur s’empilent devant les représentants de l’administration irrités et embarrassés.
Un comité technique jeunesse & sports (CTMJS) s’est tenu le 25 janvier dernier autour des questions de formation continue des personnels, des textes instituant une indemnité pour l’encadrement des séjours de cohésion du SNU et du bilan des lignes directrices de gestion ministérielles relatives aux promotion et à la valorisation des parcours professionnels.
Constatant une nouvelle fois l’absence des ministres au CTMJS, la majorité des organisations syndicales ont déploré la dérive du CTMJS vers une instance technique, dénuée de tout pilotage politique : « Mesdames et monsieur le ministre, votre absence en instance est remarquable. Est-ce un choix de votre part ou est-ce ainsi que le dialogue social s’est transformé pour rentrer dans les logiques d’une gestion froide et lointaine ? (…) Comptez-vous encore sur vos administrations centrales dites « métiers » et leur laissez-vous des marges de manœuvre pour être à l’écoute des représentants du personnel et du terrain, animer les réseaux JES ? », ont demandé le SNPJS-CGT, la FSU et l’UNSA dans une déclaration commune.
Un an après notre intégration les problèmes récurrents restent sans réponses
Et de brosser les problèmes récurrents qui continuent à se pose dans le champ jeunesse et sports, un an après notre intégration au sein du pôle éducatif : les décalages en matière de gestion des ressources humaines et de logistique entre les régions académiques, les DASEN, la centrale ou les établissements, la lenteur de publication des textes comme ceux relatifs au temps de travail et des astreintes ou au télétravail, toujours en souffrance. Les organisations syndicales ont encore pointé la faiblesse des effectifs, les carences dans la formation statutaire initiale ou l’avancement de grade. Elles ont déploré la dérive de politiques jeunesse vers un « tout SNU » qui vampirise crédits, moyens humains et énergie avec des résultats fort discutables, ou encore, le décalage et l’incompréhension entre les directions métiers et le politique dans un contexte général de méconnaissance préoccupante des métiers de la jeunesse et des sports.
Les organisations ont par ailleurs dénoncé les pratiques de certaines académies et rectorats « qui se permettent de dégrader les personnels administratifs dans des groupes de fonction inférieurs ne respectant pas le référentiel interministériel indiquant leur classification », ou qui procèdent à des modifications autoritaires de leur fiche de poste. Elles ont relevé la perte de nombreuses prestations d’action sociale du fait de restrictions sur l’enveloppe d’action sociale attribuée au MENJS, à rebours de l’engagement visant à augmenter significativement le budget d’action sociale.
Conditions de travail et souffrance, temps de travail et revalorisation, créations de postes : des réponses indigentes
Plus largement, les organisations CGT, FSU et UNSA ont décrit une dégradation des conditions d’exercice, des situations de surcharge et de souffrance au travail des personnels, de plus en plus nombreux à souhaiter quitter leurs postes alors qu’ils sont attachés à leur métier au sein du service public éducatif
Face à un tel constat, la DGRH s’est contentée de (beaucoup) temporiser. Irritée d’être interpellée sur l’absence des ministres, et par conséquent, de pilotage politique, elle a affirmé « être en capacité de relayer » tout en se contentant de réponses techniques autour des « irritables matériels » et des formations destinées au DASEN afin qu’ils prennent mieux en compte « les spécificités jeunesse et sports ».
Rien sur la réforme annoncée de la DJPEVA. Rien ou pas grand-chose sur l’avenir de la direction des sports et son articulation de plus en plus problématique avec l’Agence du sport. S’agissant de la revalorisation indemnitaire annoncée, l’administration a déclaré vouloir mettre en place des groupes de travail pour « résoudre la problématique de l’identification des groupes » de la filière administrative.
Une note de service sur le temps de travail aurait été signée le 25/1, mais les agents ne voient pas le début d’une application de l’accord sur le télétravail signé en juillet dernier. Quant aux problématiques liées aux ouvertures des postes à concours, la réponse reste encore d’une grande indigence : 15 CTPS ouverts pour le sport et trois dans le champ de la jeunesse et de l’éducation populaire. Et les autres ? En cours d’arbitrage par le… politique !
A 70 jours des élections, le gouvernement affirme être au travail « jusqu’au bout » et bien loin de la campagne présidentielle. Apparemment, cette doctrine du « à nos postes jusqu’au bout » ne concerne pas jeunesse et sports.